Le Pays Welche & le Patois welche
Le Pays Welche est niché dans un écrin de verdure, au centre de l’Alsace et au cœur de la montagne vosgienne. 5 villages occupent ce territoire un peu particulier : Fréland, Lapoutroie, Labaroche, Le Bonhomme et Orbey.
Ses habitants cultivent et affirment leur différence avec ferveur : ils ne sont ni alsaciens, ni vosgiens … Ce sont des Welches ! Du haut de leur caractère bien trempé, ils parlent encore un patois roman ancestral. Cette frontière linguistique et culturelle, marquée par une histoire singulière, est précieusement conservée et racontée au Musée du Pays Welche à Fréland.
Le Pays Welche, l’histoire d’un territoire de montagne en Alsace
Situé sur les contreforts vosgiens, le Pays Welche s’étend de la sortie de Kaysersberg au Col du Bonhomme, le long de la Béhine et de la Weiss, jusqu’à Labaroche. Un passage puis une route reliant l’Alsace à la Lorraine existe depuis des temps immémoriaux et constitue une donnée essentielle pour expliquer l’histoire du lieu. Le Pays Welche est une zone rurale et forestière, au climat montagnard.
Avec des conditions climatiques et d’accès difficiles, il ne présente que peu d’attraits aux yeux des Alamans et des Francs lors de leurs occupations militaires. Alors qu’au Moyen-Age, l’Alsace vit sous influence germanique, le canton de Lapoutroie et des parties des Vallées de Sainte-Marie-Aux-Mines, de Villé et de la Bruche, conservent leur héritage roman.
Les premiers écrits datent du 11ème siècle, l’abbaye de Pairis sera construite au début du siècle suivant. Sous la suzeraineté de la seigneurie du Hohnack et des Habsbourgs, le Pays Welche ne ralliera jamais la réforme protestante.
Le Patois Welche, une frontière linguistique millénaire dès la sortie de Kaysersberg
À une époque où les écrits sont rares et dans le contexte d’un territoire isolé et reculé, peu de traces permettent d’identifier clairement les origines de ce patois welche. Plusieurs hypothèses sont cependant avancées.
Parmi ces hypothèses, peut-être la présence d’une petite communauté gallo-romaine non touchée par la langue germanique, l’implantation de paysans lorrains venus défricher cette zone forestière, le passage fréquent de moines par la voie romaine qui traversait la Vallée, ou encore l’installation de moines de Saint-Dié à Labaroche vers l’an 1000.
Le caractère enclavé du canton et l’habitat dispersé auraient permis aux habitants de maintenir leur propre culture et leur langage.
Une économie essentiellement
agricole et forestière
L’agriculture, notamment l’élevage bovin et la production de fromage, est l’activité principale du canton depuis le Moyen-âge. Le fameux Munster d’Alsace aurait d’ailleurs été inventé au Pays welche !
L’activité forestière occupe également une belle part dans l’économie d’antan, en témoignent les quelques scieries dont celle de Fréland encore en fonction à ce jour.. L’activité minière impacte la Vallée qui compte trois fonderies et 5 fours au 16ème siècle. Quelques moulins à farine et huileries sont installés.
Le tissage et le filage (essentiellement à domicile, puis dans les filatures d’Orbey, Fréland Labaroche et Lapoutroie) emploient de nombreux habitants au 19ème siècle. L’essor du tourisme dès le début du 20ème siècle verra naître la Station d’hiver/été du Lac Blanc, des hôtels et des gîtes.
Le Pays Welche, un écrin de nature
préservé en Alsace
Aujourd’hui, l’agriculture et l’activité forestière sont toujours très présents, ils façonnent et permettent l’entretien des paysages de notre belle Vallée qui compte environ 10 000 habitants.
Loin de la pollution des grandes villes, mais facilement accessible, le pays Welche offre une bonne qualité de vie. Elle attire toujours les touristes qui viennent pour la beauté des paysages, pour la diversité des activités été comme hiver, et surtout pour la convivialité et la gentillesse de ses habitants.
Expressions en patois
A la cuisine
Vau me èn èsit veyd ké ré d’da / Il vaut mieux une assiette vide que rien dedans.
Lè fin n’é pè d’mar pin / La faim ne connaît pas de mauvais pain.
Avou lè longg ké chtal / Avoir la langue qui goutte, avoir l’eau à la bouche.
On n’bot mi lo pin tsu lo don, lo dyal dans pa tsu / On ne pose pas le pain sur le dos, le diable danse dessus.
L’aut lat é n’té pè chwè pin o vot / Celui-là, il n’a pas de pain sec dans le ventre. (Il ne tient pas en place)
Awou lè kyè do po / avoir la clé du pot, avoir des traces de suie sur le visage.
Vie courante
Fèr lo rna / faire le renard, l’école buissonnière
Lè kolik mizéréré / l’appendicite
Fèr lo fotchi pèri / faire le poirier fourchu, le poirier
Éyt rèchmèlè / être resemelé, être battu
N’pu awou de rèté-te / ne plus avoir de retiens-toi, être énurétique
Panchi d’l’auv/ pencher de l’eau, uriner (pour un homme)
Ètrapè lè rèt / attraper la souris, avoir un point de côté
Èn lujay de podéy / une éclaircie de mendiant, qui ne dure pas, de passage
Éyt kroy nak inn krèmè / être maigre comme une crémaillère
Fèr chway laf / faire une figure sèche, être en manque de boisson
Éyt zègat, être une scie, revenir constamment sur un sujet, harceler